Le motif du procès, un larçin, est vaguement évoqué dans le dossier de procédure, sans précision, comme si le délit était secondaire. D’abord condamné à mort, l’accusé voit sa peine commuée en travaux forcés à vie sur les galères du roi.
L’écriture est maîtrisée dans l’ensemble, et régulière. Pour gagner du temps le greffier ne lève pas toujours la main et lie certains mots entre eux. Les accents et la ponctuation sont absents, ce qui est habituel à cette période.
On trouve les abréviations courantes : lad[ite], déclara[ti]on, appella[ti]on, ord[onnan]ces . On note l’emploi du Z à la place du S et les lettres ayant un tracé proche, le U, le V, parfois le N, le R formé comme un V. Il faut être attentif aux tracés du E et à celui du S final, leur repérage facilitant nettement la compréhension du texte.
L’arsenal des galères créé par Colbert nécessite des milliers d’hommes et pour ce faire, Louis XIV utilise la machine judiciaire. Une lettre envoyée aux cours de justice, en 1662, invite à ce que chaque tribunal « condamne le plus grand nombre de coupables qu’il se pourra ». Dans un premier temps, sont envoyés aux galères les criminels, puis les petits délinquants, les contrebandiers, les déserteurs, puis les mendiants et, bien sûr, les protestants.
Ce procès est mené par la chambre de l’édit du Languedoc, créée en 1576, effective en 1579 à Lisle-sur-Tarn, pour éviter la discrimination confessionnelle pour les justiciables réformés. En 1678, cette cour siège à Castelnaudary (après avoir œuvré à Castres pendant de longues années). Sa suppression, l’année suivante, annonce la dégradation de la condition des réformés. Le condamné, qui se dit catholique, fait appel pour être jugé par le parlement de Toulouse, ce qui lui est refusé.