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Fonds sonores et audiovisuels

Les archives sonores et audiovisuelles sont rattachées à la série AV qui est constituée d’enregistrements sonores, de productions vidéos, de films amateurs, etc.

À la différence des contenus édités, ces sources revêtent un caractère inédit en ce sens qu’il n’existe qu’un seul document original réalisé et qui constitue un matériau documentaire et patrimonial de première main.

Politique du secteur des archives audiovisuelles et sonores

Le secteur des archives audiovisuelles et sonores a été créé en 1989 dans le sillage des mouvements régionalistes animés par la volonté de revaloriser l’oralité.

Un des premiers objectifs était de recueillir et de donner à entendre la mémoire de ceux dont la culture était en péril avec les transformations sociétales. En documentant des champs moins couverts par les sources plus conventionnelles, par la parole données aux témoins et aux acteurs de l’histoire, ces archives en éclairent les points aveugles.

Bien que le plus ancien document soit une allocution de Charles De Gaulle lors de sa venue à Albi en 1960, les premiers fonds constitués portaient principalement sur des thématiques rattachées au domaine occitan et se composait d’enregistrements de contes et légendes, de répertoires de chants et de musiques traditionnelles, de biographies d’intellectuels, de récits autour de l’artisanat et des savoir-faire.

Ces enregistrements sont majoritairement liés à la pratique de l’enquête de terrain bien que les fonds renferment également des émissions de radios associatives elles-aussi initialement préoccupées par des questionnements autour des langues régionales.

Les champs et les thématiques de recherches se sont peu à peu élargis aux récits de vie et de métier autour du travail dans l’industrie textile et minière, aux questions linguistiques dans le milieu viticole, aux thèmes de la guerre et de l’exil…

Le secteur s’est également ouvert aux contenus audiovisuels en recevant des productions vidéo autour de l’artisanat (distillerie, textile, imprimerie…), des chantiers d’urbanisme, des rencontres sportives, des initiatives associatives, des événements politiques du département du Tarn… mais aussi des films amateurs.

Ces contenus, tant d’origine publique que privée, ont été produits par des chercheurs et des institutions, des associations culturelles ou des passionnés impliqués dans une démarche de recherche et de valorisation.

Orientations actuelles

Outre le versement des archives audiovisuelles et sonores des administrations publiques, le secteur s’associe à des campagnes d’enregistrement conduites par des partenaires culturels autant publics que privés, et ambitionne d’initier ses propres projets d’enquête de terrains.

Fragilité des sources : conservation et numérisation

Les fonds sonores et vidéo sont fixés sur des supports variés. Ces supports sont exposés aux dégradations inéluctables dues à leur nature physico-chimique. Les bandes magnétiques, notamment, sont victimes du syndrome du vinaigre (acidification) et de l’effritement des particules magnétiques. On peut également constater un effacement du signal sur certains documents. 

Afin de réduire les risques de détérioration physique, les documents sont conservés dans des magasins soumis à des conditions environnementales précises (température et degré d’hygrométrie relative).

À ces détériorations s’ajoute l’obsolescence, tout aussi inévitable, des équipements de lecture qui tendent à disparaître. Ainsi, il est nécessaire de transférer, par un procédé de numérisation, le contenu de ces documents sur un support pérenne et d’enclencher un processus régulier de réactualisation de format.

Afin de réaliser ce travail de transfert de données, le secteur est équipé de deux stations de numérisation. Au départ, en 1989, les Archives étaient dotées d’un simple poste de numérisation audio. En 2008, après le déménagement dans les nouveaux locaux, le secteur a été équipé d’un atelier de numérisation vidéo.

Lorsque les fonds à numériser sont trop volumineux et/ou trop abîmés, le secteur externalise le travail.

Communication et réutilisation des sources

Archiver et décrire ces sources sans pouvoir les donner à entendre ou à voir réduit considérablement leur raison d’être. C’est pourquoi, afin de rendre possible leur communication au public, il est nécessaire de traiter les questions juridiques.

En effet, ces archives sont protégées par le Code du patrimoine mais aussi par le Code de la propriété intellectuelle lorsque leur contenu est identifié comme « œuvre de l’esprit ». 

Aussi, est-il nécessaire d’obtenir un contrat de cession de droit et d’utilisation passé entre les personnes ou les structures à l’initiative des projets de réalisation sonore ou audiovisuelle et la personne enregistrée ou filmée mais également entre ces derniers et les Archives départementales, institution dépositaire.

Une autorisation entre le collecteur ou la structure porteuse du projet d’enregistrement de témoignages, assimilé à un producteur, et les Archives départementales, institution dépositaire, est également de rigueur.

La configuration idéale voudrait qu’avant tout don ou dépôt, la personne qui confie les documents ait elle-même obtenu préalablement les autorisations de cession de droits et d’utilisation des personnes enregistrées et filmées.

Toutefois, à l’exception des sources recueillies récemment, bon nombre de collectes réalisées à partir des années 80, ont été réalisées sans contrats.

En conséquence, seuls certains fonds sont consultables en salle de lecture ou sur le site Internet. Néanmoins, pour certains fonds particuliers les Archives départementales peuvent décider de les communiquer en salle de lecture et s’engagent à retirer tout témoignage que leur auteur ou ses ayants droit souhaiteraient ne pas voir communiqué.

Focus sur quelques fonds traités

Parcours professionnel et vie quotidienne d'anciens mineurs du charbon du Tarn

En 2000, le Musée-mine départemental, a conduit une série d’enquêtes orales auprès d’anciens mineurs du Carmausin ayant connu la mécanisation et la période antérieure. 

Ce fonds, conservé aux Archives départementales du Tarn, compte une trentaine de témoignages soit près d'une quarantaine d'heures d’enregistrements qui éclairent plusieurs pans de l’histoire de la mine. 

Chaque enquête s’articule autour de trois grands axes : une présentation du mineur, son travail à proprement dit, sa vie quotidienne en dehors de la mine. Le premier axe renseigne sur l’état civil du mineur, la durée de l’exercice de son activité. Le second porte sur l’origine de la famille du mineur, ses débuts à la mine, ses souvenirs du premier et du dernier jour, l’évolution de la situation professionnelle, les effets de la mécanisation sur le travail, l’action syndicale, les mouvements revendicatifs, la fermeture des puits. Le troisième volet insiste sur le(s) lieu(x) d’habitation, l’organisation de la vie familiale à l’intérieur du foyer, les activités extra-professionnelles du mineur et de sa famille, les rencontres des collègues en dehors du travail, les fêtes corporatives (Sainte-Barbe) et populaires (Saint-Privat), les traditions paysannes et les croyances populaires.

→ Consulter l‘inventaire ICI et écouter les témoignages : Guy Batista enregistré le 18 octobre à Carmaux (8AV3), 1’19. Accès ICI

→ Pour en savoir plus sur le travail effectué sur ce fonds vous pouvez consulter l’article « Au charbon ! » dans Les carnets de la phonothèque. Accès ICI

Parcours et activités professionnels dans l'industrie textile du Sud du Tarn

Au début des années 1980, le musée départemental du Textile situé à Labastide-Rouairoux est né de la volonté, au niveau associatif local, de créer un conservatoire des savoir-faire du territoire de la Montagne Noire et de la vallée du Thoré. Constitué tout d’abord sous la forme d’un écomusée, l’établissement devient musée départemental en 1999. Il est installé dans une ancienne manufacture du xixe siècle dite Armengaud, du nom d’un industriel, sur les bords de la rivière le Thoré.

Afin de compléter l'approche historique de l'industrie textile dans le département du Tarn, des enquêtes orales ont été menées dès le milieu des années 1990 auprès d'anciens ouvriers. Les premières enquêtes furent coordonnées au milieu des années 1990 par le directeur du Musée, Didier Gasc. Elles visaient à collecter les souvenirs des anciens du Comité textile et des anciens imprimeurs. Les enregistrements de ces témoignages n’ont malheureusement pas été conservés ni les transcriptions partielles qui les accompagnaient. Trois autres campagnes d'enquêtes orales se sont succédé de 1996 à 2011. Leurs enregistrements ont été versés aux Archives départementales du Tarn en 2010.

La première série a été réalisée de 1996 à 1997 dans le cadre de l'exposition « L'industrie et les sens du textile » présentée à l'Ecomusée de la Vallée du Thoré et de la Montagne Noire, consacrée aux mécanismes de production dans l'industrie textile. Plusieurs employés et ouvriers du textile ont été interrogés à ce moment-là selon une grille d'enquête précise portant sur les conditions d'élaboration d'une collection de tissus.

La deuxième série, réalisée de 2001 à 2010, s'attache au parcours professionnel et à l'activité des ouvriers de l'industrie textile dans le sud du Tarn. Les axes d'enquêtes sont les suivants : présentation, origine sociale et géographique (immigration), formation, parcours professionnel, vie dans l'usine (organisation et conditions de travail, difficultés, relations avec les autres ouvriers et le patron), vie en dehors de l'usine (famille, logements, sports et loisirs, festivités).

Enfin, le dernier volet débuté en 2010 et toujours susceptible d’accroissement, est constitué d’entretiens effectués auprès d’anciens ouvriers du textile connus pour leur engagement syndical.

Les enquêtes mettent en valeur les raisons de cet engagement, leurs formes (défenses des droits, grèves) et les conséquences au quotidien dans l'usine et dans la vie privée. Ces enquêtes sont élaborées à partir d'un panel de personnalité qui ont été choisies dans les différentes usines de Labastide-Rouairoux et qui sont représentatives de la section textile de la Confédération général du Travail (CGT). Selon les cas, les personnes ont été interrogées seules ou à plusieurs. Dans le cadre de ce projet, d'anciens représentants de l'autre grand syndicat textile, Force ouvrière (FO), et des enfants d'ouvriers, ont également été interrogés

→ Consulter l‘inventaire ICI et écouter l’extrait du témoignage : Fernand Gautrand, en présence de Roger Rouanet, enregistré le 5 mars 2010 (2365 W 2). Durée : 3'47. Accès ICI

Fonds André Minet sur l’exil espagnol

De 1985 à 1989 André Minet accompagné de Marina Carrasco, professeur d'espagnol au lycée de Bordeaux, et Louis Soler, professeur de français à l'IUT d'Orsay a recueilli 28 témoignages oraux d'exilés espagnols. La majeure partie des témoignages confiés aux Archives du Tarn sont ceux réalisés par André Minet. Initialement, ce travail d'enregistrement constituait une étape préalable à l'écriture d'un ouvrage sur l'exil ce qui explique notamment la présence de transcriptions écrites dans ce fonds (207J).

Bien que cet ouvrage n'ait pu voir le jour, il en demeure de riches sources orales qui donnent à entendre près d'une trentaine de trajectoires individuelles ayant pour dénominateur commun l'exil espagnol sur trois générations.

Les témoignages ont été menés auprès d'exilés espagnols ou de descendants d'exilés. Les grands axes des témoignages :

  • La vie dans l'Espagne franquiste ou le choix de l'exode, le passage de la frontière franco-espagnole, et la vie en exil
  • La période de la Seconde Guerre mondiale, l'enfermement dans les camps d'internement et les compagnies de travailleurs sont également abordés
  • Les rapports à la langue natale ou d'adoption, l'intégration en France, le lien à la culture hispanique et à la francité
  • Le possible retour en Espagne, la nostalgie du pays natal

→ Consulter l‘inventaire sur demande